Rotorua : Waimangu
Dans la série ne-t-assoies-pas-par-terre-tes-fesses-vont-cramer, nous avons également visité le parc de Waimangu. Il est situé à quelques kilomètres de celui de Wai-o-tapu, en direction de Rotorua
Le parc de Waimangu est une zone volcanique récente, puisqu'elle a été créée en 1886 par l'éruption du volcan Tarawera, situé juste en face.
Le chemin part du haut de la vallée pour descendre jusqu'au lac qui se situe tout au fond à droite. On aperçoit sur cette photo le volcan Tarawerea tout à droite, il fait 1111m de haut. Le chemin peut être parcouru à pied aller-retour, mais il est possible d'emprunter une sorte de safari-bus pour revenir (ou aussi pour aller pour les moins sportifs).
Le chemin serpente le long d'une large fissure créée par l'éruption. A cette époque, toute la zone était carbonisée, il ne restait plus un seul arbre dans le coin. Le premier cratère au dessus duquel la piste passe est le Southern Crater, logique puisque c'est celui le plus au sud. Il ne présente pas d'activité particulière.
Alors que le chemin descend, on aperçoit entre les fougères un autre lac, fumant, bouillonnant et crépitant.
Le Cratère Echo - c'est le nom du cratère - est rempli d'une eau acide (pH 3.5, niveau jus d'orange à peu près) et très chaude, 55°C. C'est pour cette raison que le lac s'appelle Frying Pan (Poêle à frire).
Sur les berges, des sources de dioxyde de carbone et d'hydrogène sulfuré font pétiller les petites mares de boues. Du coup l'odeur du coin est assez forte.
Dans les profondeurs du lac, l'eau dépasse les 100°C aisément, entraînant de fort courants de convection.
Des cheminées justes sous la surface crachent aussi des mélanges gazeux volcaniques.
Dans ce milieu, pas trop de vie. En même temps faudrait vraiment le vouloir pour s'installer là dedans, même pour une petite bactérie.
La poêle à frire se déverse par une petite rivière qui dépose sur ses berges une foultitude d'éléments chimiques, antimoine, molybdène, arsenic, tungstène, etc. donnant un arc-en-ciel de couleurs. Au fond on peut voir un promontoire rocheux, le Rocher de Gibraltar (deuxième du nom), nommé ainsi à cause de sa ressemblance avec la tour Eiffel. Non. Le Rocher de Gibraltar. Comme il a été modifié par les diverses éruptions du début du siècle, et qu'il ne ressemble plus à rien, il a été renommé Rocher de la Cathédrale. C'est plus passe-partout.
Le chemin longe la rivière qui serpente au fond de la faille. On sent bien que l'on est proche du magma. Les fumerolles et mini-geysers nous le rappellent sans cesse. A propos de geyser, cet endroit était de 1900 à 1904 le bac à sable d'un beau bébé geyser, le Black Water Geyser, qui était alors le plus grand et le plus puissant geyser du monde. Toutes les 36h, il crachait des centaines de mètres cube d'eau mêlée à des roches volcaniques (d'où l'eau noire) jusqu'à près de 500m d'altitude. Le geyser de Wai-o-tapu culmine à 10m. A l'époque, de nombreux touriste s'aventurant trop près de sa bouche pour regarder étaient bouillis sur place. Malheureusement, un glissement de terrain en 1904 a modifié la structure des eaux souterraines, et le geyser s'est éteint.
Point de geyser, mais plein de fumerolles quand même. Avoir des lunettes sert d'ailleurs à se protéger autant du soleil que des vapeurs acides.
A mesure que la rivière coule et perd de la chaleur, des algues se forment sur ses bords.
Des sources d'eau chaude bordent la rivière. Celle-ci s'appelle Nga Puia o te Papa (comme ça se prononce).
Un mini geyser expulse de l'eau en continu et apporte les conditions de vie pour des tas d'algues vertes et bleues. Le geyser s'appelle Bird Nest (nid d'oiseau).
Là où l'eau s'écoule, l'eau forme des petites terrasses pierreuses.
Les formations rocheuses sont légion sur les contreforts des collines.
Les couleurs des sources sont souvent dominées par le blanc, la couleur de la silice. Ce n'est pas vraiment une surprise, le silicium est l'élément chimique le plus abondant dans la croûte terrestre après l'oxygène.
Au dessus de la rivière, un lac magnifique, d'un bleu lunaire (je sais qu'il n'y a rien de bleu sur la lune, mais c'est l'adjectif le plus approprié, en cas de désaccord, indiquez ici celui que vous mettriez : d'un bleu ______).
Lorsque la photo n'inclut pas le ciel, on se demande si elle est dans le bon sens (essayez de retourner l'écran, c'est saisissant). Le nom de ce cratère et Inferno. Le fond et le bord du lac est tapissé de silice presque pur, donnant un blanc immaculé. La température de l'eau varie avec son niveau. Lorsque le lac est bas, elle est peu élevée, autour de 50°C et lorsque le lac déborde, elle atteint facilement les 80°. Les chambres d'eau profonde sous le lac peuvent atteindre les 220°C. Lors des débordement, l'eau très chaude tue toutes les algues qui ont eu l'idée de pousser le long de la rivière en contrebas. Ces écoulement sont cycliques avec une période supérieure à un mois. De ce fait, ce lac est un geyser. Il est un peu aux geysers qui crachent ce que les volcans d'Hawaii sont aux volcans explosifs. Le pH de ce lac se situe autour de 2, plonger dedans donnerait un bon aperçu de ce que c'est de se retrouver digéré par un estomac.
Comme nous n'étions pas pressés, nous avons choisi d'emprunter le chemin du Mt Hazard dont le nom repousse les non-aventuriers parlant anglais. Ceux ne parlant pas anglais prennent le risque (jeu de mot anglais-français : Hazard veut dire risque. Ca m'a bien fait marrer en tout cas.).
Depuis ce sentier plus escarpé que le chemin principal, on aperçoit le fond de la vallée menant au lac Rotomahana et le majestueux mont Tarawera.
Les monts et les vaux alentours sont bien plus calmes, pas de geyser, d'explosion, de chimie. Il y a principalement des élevages de bétail dont - et c'est assez surprenant - des élevages de cerfs.
Au fond de la faille par contre, le moindre rocher fume.
Le long de la rivière, certaines fumerolles sont très denses. Si la fumée était noire, on se croirait dans Lost devant la chose qui fait un bruit de cigale. D'ailleurs il y a des tonnes de sortes de cigales/criquets qui font le bruit d'ambiance.
En se rapprochant du lac, la rivière passe juste à côté de terrasses bicolores.
L'eau alimentant ces terrasses vient du lac fumant au fond, la Iodine Pool (qui ne contient pas d'iode mais de la silice) à 97°C. L'eau chargée coule alors vers la rivière en déposant de la silice blanche. La couleur jaune est due à la formation d'algues résistantes aux chaudes températures.
La piscine iodée abrite des formes de vie microbienne qui pourraient être les toutes premières formes de vie terrestre, des cyanobactéries.
Le chemin est très aménagé, un pont a été construit pour franchir la rivière.
De l'autre côté de celle-ci, la Terrasse Warbrick, un ensemble de sources d'eau chargée en silice.
L'eau saturée, aidée par des micro-organismes forme autour des piscines de bordures vertes qui s'élèvent petit à petit au dessus du niveau du terrain avoisinant.
Cette petite piscine très inhospitalière dépasse de près de 50cm au dessus du reste. Elle forme une sorte de baignoire dans laquelle on n'a pas envie de se baigner.
A mesure que l'on progresse vers le lac, on découvre des sources de truc, de machin et de bidules dont les couleurs varient de étranges à spéciales.
D'autres sources d'eau bouillante bordent encore la vallée.
En arrivant au bord du lac, on peut voir un faune importante composée majoritairement de cygnes noirs (ils ont dû s'en prendre dans la tronche des cendres volcaniques), de canards noirs et de cormorans noirs.
Le mont Tarawera vu de plus près reste très impressionnant.
Les fougères des bords du rifts .
Sur ce mur peut être lue l'histoire de la région. En haut de la photo, la couche noire de quelques centimètres est la résultat de l'éruption du Tarawera. Au bas de la photo, la zone blanche est une couche de pierre ponce éjectée par une des plus violentes éruption de l'époque humaine. Il y a 2000 ans, le lac Taupo, une gigantesque caldeira volcanique, a explosé, obscurcissant le ciel jusqu'à Rome et déposant des cendres et des roches sur des milliers de kilomètres. L'explosion de niveau 7 sur une échelle graduée jusqu'à 8 n'était pas la plus forte de ce volcan. Il y a 26000 ans, le volcan avait explosé projetant plus de 400 km cubes de matière. Si le centre de la Nouvelle Zélande a été recouverte de 200m d'épaisseur de débris, les îles Chatham pourtant situées à 1000km de là ont eu droit à une couche de 18cm. Il faut juste espérer que la suivante n'arrive pas bientôt car notre appart n'est pas assez haut. Il faudrait qu'on soit à au moins 150m d'altitude pour être en rez-de-jardin en cas d'explosion.
Commentaires
Enregistrer un commentaire